"Humiliés", "en déroute", "divas"… La presse étrangère n'a pas de mots assez durs pour qualifier l'attitude des Bleus, qui ont été au cœur d'un psychodrame tout au long du week-end (Lire notre article). A la raillerie générale provoquée par l'exclusion de Nicolas Anelka et la violente dispute qui a opposé Patrice Evra et son préparateur physique Robert Duverne, s'ajoutent les doutes exprimés non seulement sur les capacités réelles des Bleus à revenir à leur meilleur niveau, mais aussi sur la compétence de Raymond Domenech.
C'est justement lui, le sélectionneur des Bleus, qui est désigné comme l'artisan d'une défaite qui semble acquise pour la majorité des plumes anglo-saxonnes. Le quotidien anglais The Guardian relève que "Raymond Domenech vient de subir l'humiliation suprême". Considéré comme "impuissant", le sélectionneur est critiqué pour sa faiblesse, notamment pour avoir accepté de lire le communiqué rédigé par les joueurs pour expliquer leur refus de s'entraîner, une initiative "incroyable" de la part d'un sélectionneur national. Le journal enfonce le clou en rappelant que Domenech a souvent été par le passé "accusé de prendre des décisions insensées, se mettant à dos plusieurs joueurs".
Le New York Times renchérit de son côté en soulignant "l'anarchie" qui règne au sein de l'équipe française : "La France, vainqueur de la Coupe du monde en 1998, s'est toujours crue en mesure d'en remporter une autre, même si [les Bleus] sont virtuellement assurés de suivre le même chemin qu'Anelka […] à la fin de leur prochain match de groupe contre l'Afrique du Sud, mardi."
Le journal rappelle que "l'équipe de France rencontre des problèmes depuis la dernière Coupe du monde, alors qu'elle affrontait l'Italie en finale". "Depuis lors, explique l'article, le sélectionneur Raymond Domenech est bien connu pour ses habitudes intolérables." Et d'expliquer que Domenech "sélectionne les joueurs selon leur signe astrologique" et "communique mal avec [eux], les médias et le public". Enfin, il est "constamment hué par les supporteurs".
"NOUS IGNORIONS QUE L'ÉQUIPE DE FRANCE S'ENTRAÎNAIT TOUT COURT"
Sur son blog, un autre journaliste du NYT souligne que l'équipe de France n'est pas la seule à connaître des tensions, et cite en exemple le cas de l'équipe d'Angleterre, qui pour l'instant affiche des performances moyennes. En effet, "les deux équipes, qui sont parmi les favoris de la Coupe du monde, ont attiré l'attention des médias aussi bien par les scandales liés aux escapades extra-maritales de leurs joueurs que par leur performances footballistiques". La différence est que les tensions chez les Bleus "ont été exposées en pleine lumière", explique le journaliste, plaidant l'indulgence.
Pour le Wall Street Journal en revanche, qui n'hésite pas à comparer les Bleus aux "Misérables", les dissensions autour du renvoi d'Anelka sont l'occasion de moquer une équipe dont les performances sportives sont jugées plus que médiocres : "Nous avons été stupéfaits d'apprendre que l'équipe de France a refusé de s'entraîner dimanche. En fait, […] nous ignorions que l'équipe de France s'entraînait tout court", raille le journal. L'atmosphère qui règne au sein de cette équipe de "divas" est pareille à celle "d'un jardin d'enfants", et son futur se résume à une "auto-immolation", conclut le journal.
Pourtant, note le quotidien britannique The Times (accès gratuit sur inscription) la réputation des Bleus aurait pu être sauvée malgré l'expulsion "embarrassante" de Nicolas Anelka, si seulement les joueurs n'avaient pas déclaré "une guerre civile en règle" à leur hiérarchie, conduisant aux scènes "choquantes" qui ont eu lieu dimanche après-midi. Un après-midi pendant lequel "le capitaine et le préparateur physique [de l'équipe] en sont presque venus aux mains et où les démissions sont tombées en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Châteauneuf-du-Pape", ironise un autre journaliste du Times (accès gratuit sur inscription) sur son blog.
"Condamnés", les Bleus ? Le quotidien espagnol El Pais l'affirme haut et fort, tout comme The Independent, qui évoque "une équipe désintégrée". Le coup de grâce vient néanmoins des Etats-Unis, et il est asséné par un éditorialiste du San Francisco Chronicle : "Peut-être serait-il intéressant de voir les Français se qualifier, juste pour voir jusqu'à quel point leurs dissensions peuvent devenir absurdes. Mais d'un autre côté, non. Que l'Afrique du Sud les élimine, 4-0, dans une fracassante humiliation."
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